2011, c'est bientôt fini. L'occasion pour toute l'équipe de ComixHeroes de décerner nos traditionnels Durandals. Ainsi, pendant le reste du mois de décembre, nous vous présenterons nos meilleurs souvenirs culturels de l'année.

L'année 2011 a vraiment été très riche pour les cinéphiles geeks (l'un de ces deux derniers mots est superflu, devinez lequel). Presque tous les mois, d'enthousiasmantes nouveautés apparaissaient à l'affiche. Difficile dans de tels conditions d'élire un favoris. Si X-men : First Class m'a ramené à mes premiers émois de fan de super-héros, que Captain America : First Avenger a manqué de peu de me tuer par geekasme trop intense, que La Planète des Singes : Les Origines m'a cloué à mon siège, que Rango m'a bien plus fait vibrer que je ne l'aurai cru, que Drive m'a bluffé et que Super 8 m'a touché par sa justesse, c'est finalement au jouissif Attack The Block que je décerne ce Durandal.

Attack The Block, c'est un film britannique réalisé par Joe Cornish mettant en vedette l'excellentissime John Boyega (vous ne le connaissez pas ? Ca va venir) et sorti dans un relatif anonymat en France cette année. Classer cet ovni cinématographique dans une catégorie précise n'est pas chose aisée, dans Attack The Block, il y a à la fois de la SF, de la comédie, de l'action bien bad ass et, bien caché, finalement, du drame.

Le plus simple, c'est encore de vous résumer l'histoire : Moses est le chef d'une bande de petits lascars qui partagent leur temps entre parties de FIFA et actes de vandalisme dans leur quartier pourrave du sud de Londres. Lorsqu'une meute d'extra-terrestres sanguinaire débarquent en plein centre de leur block, Moses et son gang s'avèrent être le dernier rempart contre cette force d'invasion inattendue.

Alors, pourquoi diable ai-je grave kiffé sa race Attack The Block (oui, ça m'a carrément donné envie d'apprendre à parler wesh) ? Tout simplement parce que c'est typiquement le genre de film qui part d'un postulat de départ finalement assez simpliste (genre Cowboys VS Aliens, sauf qu'ici, les cowboys volent des téléphones portables) et parvient à aller vachement plus loin qu'on aurait cru. Bien sûr, certains passages et certaines répliques sont très drôles, l'histoire progresse vite et on ne s'ennuie pas. Du coup, le fun prédomine sur la majeure partie du film. Mais ça ne s'arrête pas là, et la vraie intrigue du film s'avère être bien éloignée de cette histoire d'extra-terrestre. Sans spoiler, le twist finale est du genre qui nous fait nous dire «aaaaah, mais merde alors, je n'y avais même pas pensé !» et nous pousse à revenir en arrière et à prendre conscience que derrière les giclées de sang et le processus finalement plutôt linéaire de rédemption du personnage principale, c'est en réalité de détresse sociale et de perte de l'innocence dont on parle ici avec beaucoup de tolérance et de sensibilité sans jamais tomber dans le moralisme. Dit comme ça, ça peut paraître pompeux et bien éloigné des aventures de cette bande de mômes à casquettes avec leurs katanas. Et pourtant, je pense que c'est un petit tour de force que réussit Cornish ici en nourrissant sans être indigeste une réflexion terriblement complexe.

Et si vous n'êtes pas du genre à vous gratter le menton et froncer les sourcils devant un DVD, rassurez vous, Attack The Block, c'est avant toute chose agréable et fun à regarder. Contrairement à ce que pourrait laisser entendre le synopsis, ATB n'a rien d'une parodie de film de genre. L'action et le suspens sont omniprésents, tous les personnages sont en danger et plusieurs scènes valent vraiment le coup d'oeil. Personnellement, le personnage du très très charismatique Moses m'a totalement bluffé. J'ai beau réfléchir, je ne vois aucun équivalent pour le décrire. Disons que la plupart de ses actions le font transparaître comme un genre de Conan le Barbare avec une casquette à visière plate tandis que ses réflexions nous rappelle (de façon aussi attendrissante que choquante) que ça reste un simple môme avec une caquette à visière plate, au final.

Je suis sans doute le seul tordu à avoir été autant touché par ce film, mais je suis toujours très client de ces histoires où l'héroïsme apparaît là où on ne l'attendait définitivement pas.

Certains pourraient s'offusquer du mélange de styles, donc ne boudez pas votre plaisir et prenez ce film comme il vient. Pour résumer, Attack The Block, c'est rigolo, mais pas que. C'est aussi un film qui peut faire peur, choquer, émouvoir, espérer et même réfléchir un peu. En cela, je ne regrette pas de l'avoir vu et n'hésiterai pas à le revoir encore. Du coup, quand j'entends des rumeurs de suite et/ou d'adaptation en série TV, je commence déjà à baver.

«Alors... C'est tombé du ciel ?

-Ouais.

-Et ça t'a balafré ?

-Ouais.

-Alors tu l'as tué ?

-Ouais.

-Putain. T'es vraiment qu'une sale race.»

-Moses, pas un bavard, mais quand même une sale race.

Durandal 2011 - Meilleur film, par Surtur

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