Alphas, premier épisode
Le tout premier épisode de Alphas vient d'être diffusé aux Etats-Unis. Pour ceux qui auraient manqué cet article, Alphas, c'est la nouvelle série aux élans super-héroïques de la chaîne SyFy. Après la lente agonie de Heroes, le semi-fiasco de No Ordinary Family et l'avortement du reboot de Wonder Woman, peut-on encore croire en une série TV qui se veut digne héritière de nos comics de super-héros adorés ?
Niveau intrigue, Alphas se base sur un concept déjà vu mais qui a fait ses preuves : partout dans le monde, des individus se découvrent des capacités surhumaines, dues à leurs structures cérébrales hors normes. Un petit nombre de ces «Alphas», comme on les appelle, sont réunis au sein d'un groupe secret exécutant des missions pour le gouvernement américain. Le speach est simple, mais des idées plutôt intéressantes sont tout de même développées. Ainsi, les pouvoirs des Alphas impliquent tous un revers de la médaille : Gary (Ryan Cartwright, le Vincent Nigel-Murray de Bones) peut capter toutes les ondes autour de lui mais est atteint d'autisme qui l'empêche de communiquer normalement avec les autres, Rachel peut amplifier considérablement l'un de ses sens mais toujours au détriment des quatre autres, Bill a une super-force mais semble mettre à mal son coeur à chaque fois qu'il l'utilise tandis que Cameron ne peut utiliser son don d'hyperkinésie (ses capacités physiques sont accrues et il parvient surtout à très bien viser) qu'au prix d'une très grande concentration. Enfin, on ignore encore de quelle nature est le «point faible» de Nina, sachant qu'elle possède un grand pouvoir de persuasion.
Lorsqu'on parle de gens normaux qui développent des capacités incroyables à la télévision, on a immédiatement le réflex de vouloir comparer ça aux deux grandes écoles dans le domaine à l'heure actuelle : Heroes et Misfits. Rien à voir. Même s'il est compliqué de savoir précisément de quoi sera fait le show uniquement à partir de l'épisode pilote, celui-ci semble annoncer les prémices d'un casual (autrement dit, une série où chaque épisode raconte l'intégralité d'une enquête, avec éventuellement une intrigue secondaire un peu plus feuilletonesque sur toute la saison, à l'instar de Bones, Les Experts ou encore la première saison de Fringe). On a donc droit à quelque chose de relativement inédit et qui pourrait très vite devenir culte.
Comme je l'ai dit plus haut, on surfe malgré tout sur pas mal de cliché dans ce premier épisode. C'est donc sans grande surprise qu'on retrouve tous les archétypes de ce genre de programmes : la jolie nana au passé trouble, le beau gosse héroïque malgré lui (sachant que ces deux là finiront forcément ensemble), le gentil patron un peu excentrique, le type costaud bourru mais au grand coeur, l'intello un peu étrange mais attachant et, bien entendu, la gentille jeune fille innocente qui ne manque pas de ressources. Si vous avez déjà lu quelques uns de mes articles, vous devez savoir que de mon point de vue, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. C'est bien souvent en partant de ce genre de concepts vus et revus qu'on parvient à approfondir son sujet, à étoffer ses personnages et à surprendre le spectateur (qui est convaincu de déjà tout connaître de ce qu'il est en train de regarder) pour, au final, arriver à quelque chose de totalement nouveau, et bien plus intéressant que ce à quoi on pouvait s'attendre au début. Malgré tout, il subsiste ici un petit risque que tout cela ne soit en réalité le résultat de maladresses scénaristiques. On s'étonne ainsi que certains personnages ne soient que très vaguement survolés (comme Gary, relégué au rang de personnage humoristique alors que son handicap est de loin le plus dramatique). Mais cela n'est sans doute du qu'au fait qu'il est difficile d'introduire et de développer de façon conséquente six personnages et tout l'univers dans lequel ils évoluent en seulement une petite heure d'épisode (bien que l'idée que le Dr Rosen, leader du groupe, ne serait pas aussi lisse et bienveillant que le laissait penser la première impression est assez subtilement évoquée en fin d'épisode).
Dans l'ensemble, le bilan est assez positif. Je conseillerai le premier épisode d'Alphas aussi bien aux fans d'aventures super-héroïques qu'aux personnes pas encore très à l'aise avec ce genre de thème. Je pense que si elle est correctement diffusée à l'international (j'entends par là pas uniquement sur SyFy ou une autre obscure chaîne du satellite que personne ne regarde réellement) et qu'elle ne s'essouffle pas avec le temps (comme l'a fait No Ordinary Family), Alphas pourrait bien devenir la bonne surprise qu'on attend depuis trop longtemps et qui réhabiliterai enfin les super-pouvoirs sur le petit écran aux yeux du grand public, le format casual facilitant finalement grandement l'approche.